Journées européennes du Patrimoine 2024 – Musée de Provins et du Provinois
JEP 2024 – Musée de Provins et du Provinois – dimanche 22 septembre, 15 h00
Séminaire Ville de Provins – Columbia University, sous la direction de Luc DUCHAMP, conservateur en chef du patrimoine (Ville de Provins) et Susan BOYNTON, directrice des séminaires (Columbia University), avec le soutien du Département de Seine-et-Marne.
Conférence par Alana Kilcoyne, doctorante en littérature anglaise et comparée, et Stephanie Reitzig, doctorante en histoire :
« Une messe pour un tisserand : les habitants de Provins au Moyen Âge tardif, d’après un manuscrit de l’église Sainte-Croix »
Au cours du XVIe siècle, Jean de Bannos, tisserand de Provins, légua à l'église Saint-Croix un paiement annuel récurrent de 2 sous et 6 deniers pour l'observance perpétuelle d'un service commémoratif à célébrer en son honneur chaque année en février, le jour suivant la fête de saint Matthieu. Ce legs est l'un des nombreux obits inscrits dans ce qu'on appelle le Martyrologe de Sainte-Croix. Cet imposant manuscrit, constitue une source essentielle pour l'histoire de cette église et la vie de ses paroissiens entre la fin du XVe siècle et le début du XVIIIe siècle.
Durant le Moyen Âge et jusqu'au début de l'époque moderne, il était courant, pour des individus comme Jean, de léguer de l'argent à une institution religieuse en échange de messes célébrées en leur nom après leur mort. Une personne pouvait demander des services religieux non seulement pour elle-même, mais aussi pour d'autres, le plus souvent des membres de sa famille. Elle pouvait également préciser quels services devaient être accomplis et pour combien de temps. Pour un prix suffisamment élevé, ces services pouvaient se poursuivre à perpétuité.
Comme on peut l'imaginer, une fois qu'un nombre important de legs avait été faits à l'Eglise, il devenait difficile de savoir quelles prières devaient être dites, pour qui, et à quelle date. Au XVIe siècle, les desservants de l'église Sainte-Croix cherchèrent à résoudre ce problème en compilant les registres des legs spirituels existants dans un seul manuscrit. Le codex en résultant est le manuscrit 263 du Fonds ancien municipal de Provins.