De la ville régénérée à la ville impie - Maxime Hermant
Avec ses 66 cloches, sa vingtaine d’établissements religieux et un clergé bien implanté, Provins est une petite commune de 5 000 habitants offrant un cadre idéal pour analyser la problématique religieuse de la Révolution et de l’Empire. Provins donne à voir l’image d’un calme apparent où la modération et la recherche de compromis semblent être la règle. Pourtant, le lieu n’est pas dépourvu de tensions et de conflictualités.
Durant la période, les fidèles voient leurs cadres spirituels être ébranlés. La circonscription paroissiale est repensée en 1791 ; les églises sont fermées au culte entre 1793 et 1795 ; les signes religieux sont exclus de l’espace public durant de nombreuses années ; les cimetières sont déplacés à l’extérieur des murs de la ville, tandis que l’encadrement des fidèles par le clergé est bouleversé par la question du serment, la suppression des ordres monastiques et la lutte contre le fanatisme, véritable boussole pour les autorités républicaines.
Ces pages invitent à une relecture de la question religieuse de la Révolution en proposant une approche renouvelée des conflits au-delà de l’opposition dichotomique entre prêtres jureurs et prêtres réfractaires et de la caricature d’une Révolution antireligion et d’une Église par essence contre-révolutionnaire. L’histoire locale offre ainsi la possibilité de rendre compte de la complexité des situations, de souligner la grande variété des parcours individuels et d’éviter les généralisations hâtives.
Maxime Hermant est professeur agrégé d’histoire-géographie, docteur en histoire de l’université Paris-Nanterre et membre associé du MéMo (Centre d’histoire des sociétés médiévales et modernes). Il a consacré son mémoire de Master 2 à la Société populaire de Provins (Université Paris Ouest-Nanterre, sous la direction de Monique Cottret, 2011).
Sommaire
I. Une ville toute catholique en crise ? (1770-1789)
• Une réforme tridentine aboutie ?
• Une Église en crise ?
• Jansénisme et sociabilité des Lumières : un clergé et une Église en leur temps
• La préparation des États généraux et l’attente d’une régénération
II. Clergé, églises et paroisses : les conséquences locales de la politique religieuse
de la Révolution (1789-1792)
• La fin d’un monde : la suppression des communautés religieuses
• Négociation, rejet et adaptation : la nouvelle circonscription paroissiale
• Le clergé face au serment
III. L’Église, le clergé et les fidèles dans la ville en révolution
• Faire croire à la Révolution
• Mutations et persistances des pratiques religieuses
IV. L’entrée en République et la lutte contre les fanatiques (1792-1794)
• L’entrée en République
• Défanatiser la ville : la lutte contre les suspects et les ennemis de la Révolution
• Les outils de la défanatisation
V. Exercer le culte dans la ville sécularisée (1792-1794)
• La laïcisation de l’espace public
• Les édifices religieux
• Les fidèles dans la ville désacralisée
VI. Une Église réconciliée (1794-1801)
• La réorganisation spontanée du culte
• Une pratique religieuse restreinte
• Le dimanche et le décadi : les cérémonies civiques concurrencées par les fêtes décadaires
• Urbanisme et hygiénisme : la poursuite de la vente des biens nationaux et la question des cimetières
VII. Provins dans la réorganisation concordataire
• De l’Église constitutionnelle à l’Église concordataire
• L’Église concordataire provinoise
• Un espace religieux à repenser
VIII. Réconciliation, discipline et reconquête
• Ancrer la réconciliation
• Discipline du clergé et rigueur pastorale
• Fêtes et processions : reconquérir la ville
• Faire de bons chrétiens
IX. Miséricorde et punition divines. La ville face à la guerre (1814-1815)
• Ville occupée, ville punie
• Pratiquer le culte en temps de guerre
• Les tentatives d’interprétation religieuse de la guerre
De la ville régénérée à la ville impie – Maxime Hermant
Presses Universitaires de Rennes
979-10-413-0067-9
au prix de 26 €.
